J’ai regardé il y a quelques jours le film “Tout s’accélère” réalisé par Gilles Vernet, et il y a un passage, vers la 46e minute, durant lequel un des intervenants dit cette phrase “il y a un moment où il faut se satisfaire des choses”.
Quand est-ce qu’on s’autorise à être satisfait ? Avez-vous ce sentiment de ne jamais en avoir assez fait ? De ne pas être pleinement satisfait-e d’un résultat attendu, d’en vouloir toujours plus ?
Cette insatisfaction permanente est-elle un problème ?
Connaissez-vous ce précepte ? Le bien est l’ennemi du mieux, une invitation à toujours chercher à faire mieux, et ne pas se contenter du bien. Dans un sens, cela peut nous pousser à nous améliorer, à apprendre, à nous “challenger”. À première vue, il n’y a aucun mal à cela, car sinon où serait le progrès ?
La question est alors : quand nous satisfaisons-nous des choses ? À quel moment pouvons-nous nous dire : “c’est assez” ? Il me semble que c’est la question du siècle, à l’heure où les ressources de la planète s’épuisent, n’est-il pas temps de s’arrêter ?
Le bien est l’ennemi du mieux. Et si l’on inversait cette phrase ? “Le mieux est l’ennemi du bien”. Vouloir toujours plus et toujours mieux nous empêche de nous contenter du bien, de l’apprécier.
Connaissez-vous des personnes qui ne sont jamais satisfaites ? Un professeur exigeant qui ne met jamais la note maximale, des parents qui ne sont jamais contents des réalisations de leurs enfants, un patron qui ne célèbre jamais les objectifs atteints par ses employés ? Ou peut-être vous reconnaissez-vous dans cette description ?
N’est-ce pas frustrant de se dire que peu importe ce que je fais, cette personne dont l’avis compte pour moi ne sera jamais satisfaite ? À quoi bon se donner à fond, si je n’ai jamais de reconnaissance ?
C’est une situation classique dans le monde professionnel : des employés motivés, qui travaillent dur pour atteindre leurs objectifs, pour faire croitre leur entreprise, et qui se retrouvent face à leurs supérieurs qui ne reconnaissent pas leur investissement. Du côté des patrons, il y a peut-être cette croyance qu’il faut toujours pousser les gens à faire plus, mais du côté des salariés c’est la douche froide.
N’y a-t-il pas un gâchis dans cette situation d’éternelle insatisfaction ? À quoi bon accomplir mes rêves, réaliser mes projets, si je ne prends pas le temps de les apprécier et d’en être contente ? Si je me dis toujours que je peux faire mieux et faire plus, cela ne s’arrêtera jamais. C’est un jeu sans fin.
Et si l’on apprenait à se satisfaire et à apprécier ce qui est présent ? Et si on transformait ce jeu sans fin en une multitude d’étapes ? À chaque petit succès, une célébration, un temps d’appréciation de cette réussite.
Je pense que le rythme a un rôle à jouer dans cette partie. Si mes journées sont pleines, si j’enchaine les actions et les tâches, je n’ai aucun moment pour me poser et réaliser ce que j’ai accompli. Si au contraire, j’ai régulièrement des temps libres, des temps de pause, de réflexion, de contemplation, alors il est plus facile d’apprécier le présent.
Je m’en rends compte après avoir pris du temps durant ces dernières semaines pour faire des balades dans la nature. Je me sens plus apaisée, moins dans l’organisation du futur, plus présente.
Et vous, comment faites-vous pour apprécier le présent ?
Film : “Tout s’accélère” réalisé par Gilles Vernet, disponible en DVD et VOD.