Les Jazzettes #3 : Le bien-être ne se mérite pas

Il y a un certain nombre d’activités, qu’on pourrait qualifier de loisirs, qui me procurent du plaisir et participent à mon bien-être : jouer du piano, dessiner, lire, marcher. En particulier, le piano est une vraie passion d’enfance, je ne peux m’empêcher de vouloir jouer sur un piano lorsque j’en vois un (dans les gares, les aéroports, les lieux de passage), ne serait-ce que pour écouter le son particulier qu’il émet.

J’en ai un chez moi, un piano électrique certes, mais en très bon état et un casque me permet d’en jouer quand je veux sans déranger personne. Pourtant, je n’en joue pas très souvent, il peut même se passer des semaines sans que j’y joue.

Pourquoi ?

J’ai quelques hypothèses, la première c’est une certaine croyance que j’ai qui est que le plaisir, ça se mérite.

Le plaisir bien mérité

Marathon finish line
Photo by Pietro Rampazzo on Unsplash

J’avais un collègue qui disait toujours “well deserved” (“bien mérité” en anglais), en qualifiant les vacances prises par certains. Comme si les congés, qui sont pourtant un droit en France, seraient mérités, du fait d’un travail durement accompli.

Pourtant cette notion de mérite de vacances, de plaisir ou de repos est assez présente dans notre culture. Je le vois notamment chez les enfants, qui sont incités à d’abord finir leur assiette avant d’avoir droit au dessert, ou de finir les devoirs avant de se consacrer aux loisirs. Bien sûr c’est un exemple assez général et pas représentatif des différentes pratiques parentales (et ce n’est pas le sujet de cette publication).

Il reste cette idée que le plaisir, les loisirs, le repos passent en second plan, après l’effort.

Je vois un certain nombre de conséquences à cette idée : déjà, il y a cette notion de mérite qui est assez subjective. Quelle quantité d’effort dois-je accomplir avant de mériter mon repos ? Qui juge de ce mérite ? Est-ce moi, mon supérieur au travail, ou mes parents ?

Pour peu que je sois perfectionniste, le repos pourrait ne jamais arriver, car le travail n’est jamais parfaitement terminé. C’est un phénomène que j’observe chez certaines personnes de mon entourage, un certain manque de satisfaction permanent qui retarde indéfiniment ce temps de bien-être personnel.

S’occuper des autres et délaisser son propre bien-être

Pour les personnes qui sont dédiées au soin des autres (je pense en particulier aux mamans), qui prennent à coeur de faire plaisir à leur entourage, se dévouent à leurs tâches domestiques, elles peuvent en arriver à attendre des autres qu’on prenne soin d’elles en retour. Peut-être en connaissez-vous ? Cette personne qui est toujours là pour les autres, qui vous incite à prendre soin de vous, qui s’inquiète souvent pour vous, et qui pourtant s’oublie totalement dès qu’il s’agit de son propre bien-être. Ça peut aller jusqu’à se mettre en danger physiquement en “oubliant” de prendre des rendez-vous médicaux importants. Jusqu’à ce qu’une autre maman vienne à la rescousse. Un vrai cercle vicieux.

Prendre soin de soi est pourtant vital, et ne peut pas être toujours délégué.

En tant qu’adulte, il est de ma responsabilité de prendre mes rendez-vous médicaux à temps, de prendre mes congés quand j’en ressens le besoin, de faire une activité physique régulière, de bien manger, et de faire tout ce qui important pour mon bien-être physique et moral. C’est bien sûr possible selon les moyens dont je dispose, mais c’est ce qui fait mon indépendance.

Woman walking with a bicycle on the beach
Photo by Vidar Nordli-Mathisen on Unsplash

Mettre son masque à oxygène d’abord

Pour finir, il y a cette image qui me vient en tête, des hôtes et hôtesses de l’air présentant les mesures de sécurité dans l’avion, et toujours cette invitation à mettre son masque à oxygène avant d’aider les autres, même ses enfants, à le mettre. La raison est simple : en mettant son masque d’abord, on se donne plus de temps et d’énergie pour aider les autres. Si on ne le met pas, on va vite manquer d’air, et ne pas pouvoir aider qui que ce soit.

C’est un principe qui peut s’appliquer à la vie de tous les jours. Se ressourcer et prendre soin de son énergie nous permet d’être plus attentifs, plus efficaces, plus créatifs, que ce soit au travail ou dans sa vie personnelle. Personne n’est utile en étant épuisé, à bout de souffle.

Et le plaisir contribue à notre bien-être. Que ce soit à travers des loisirs créatifs, du sport, de la musique ou simplement une promenade en nature. C’est la partie la moins facile pour moi, prendre du temps pour jouer au piano, pour dessiner, et je l’observe chez de nombreuses personnes que je connais. Ce manque de temps pris pour réellement se faire plaisir, se détendre, et se sentir bien.

Cela nécessite d’abord une certaine connaissance de soi, savoir quelles sont les activités qu’on aime, et ce qui nous fait du bien durablement. Je précise durablement, car il s’agit d’activités qui contribuent à notre bien-être, qui nous redonnent de l’énergie, qui nous ressourcent, ce qui n’est pas le cas de certains plaisirs éphémères comme boire de l’alcool, ou s’acheter les derniers vêtements à la mode.

Ensuite, il s’agit de déconstruire certains schémas de pensée, pour moi c’est cette idée que le plaisir se mérite et que je dois d’abord bien travailler avant de prendre une pause créative.

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Photo by Eric Nopanen on Unsplash

Qu’en pensez-vous ? Prenez-vous le temps de vous faire plaisir dans vos journées ? Comment prenez-vous soin de votre bien-être ?

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Livre “The Power Of Habits”, de Charles Duhigg (également disponible en français)