Il m’arrive de passer une mauvaise journée, de m’éparpiller au lieu d’être concentrée sur ce que je devais faire, de m’efforcer de produire quelque chose sans succès, de négliger des choses importantes, et de me retrouver le soir à me demander comment j’ai fait pour perdre autant de temps et pourquoi je ne me suis pas mieux organisée.
Tout commence par une liste de tâches, un objectif qui parait simple à réaliser. Et puis la journée ne se passe pas comme prévu. Et petit à petit, sans vraiment m’en rendre compte, mon estime de moi en prend un coup, je commence à m’en vouloir de ne pas avoir réussi, je me dis que c’était pourtant pas si compliqué. Je commence après à douter de mes capacités, je perds confiance, je me sens vulnérable, je me trouve des défauts, tout me semble fragile et sombre.
À un moment donné, je me rends compte de toutes ces pensées qui me traversent sans que j’y prête vraiment attention, et je découvre l’étendue de la violence qui a lieu. Car c’est bien de la violence, même si elle est interne et invisible de l’extérieur.
À cet instant, peu importe le moment, je peux arrêter la violence. Sans chercher à comprendre d’où elle vient, sans essayer de l’apprivoiser ou de la contrôler, je peux juste la faire cesser. Je peux prendre une pause, me sentir vivante, apprécier la richesse de cette journée que j’ai vécu, et prendre soin de moi. Et naturellement, sans effort, je retrouve une grande joie de vivre, je me sens détendue, je peux sourire de cette journée mouvementée, lire un livre qui me plaît et me reposer.
Je me sens bien, et pourtant rien n’a changé dans la situation. Sans les nier ni les négliger, je me rends compte des difficultés que j’ai eues. Seulement, j’arrête d’en rajouter une couche de jugement et de culpabilité. J’ai passé une journée difficile, je peux maintenant prendre le temps de me détendre.
Peu importe comment se passe une journée, elle n’est jamais perdue, elle fait toujours partie de mon expérience de vie.
Sans chercher à supprimer définitivement la violence, à vouloir me transformer profondément, à espérer un jour y arriver à force de lecture et de développement personnel, je peux décider d’arrêter la violence, à cet instant, dès que je la vois, et retrouver cette joie de vivre qui est toujours présente.
Le livre “Zen Mind, Beginner's Mind”, de Shunryu Suzuki. Traduction française “Esprit zen, esprit neuf”.