Les Jazzettes #2 : Le pouvoir d'en faire moins et la liberté de décevoir

S’investir pleinement dans son travail et dans sa vie de famille, avoir des journées bien remplies, faire plaisir et être utile à ses collègues et ses proches, tout en cherchant à s’améliorer. Des aspirations assez courantes de nos jours. À quoi ressemble ce quotidien ?

Aujourd’hui, je veux vous raconter l’histoire de Julie.

Julie est chef de projet, habite en banlieue parisienne avec son conjoint et leur enfant de 2 ans. Julie est curieuse, enthousiaste, compétente, consciencieuse, et elle aime faire plaisir et être utile aux autres.

Elle apprécie son travail, mais se sent souvent dépassée par le temps. Elle se retrouve régulièrement très en retard sur ses projets, et doit travailler les soirs et weekends pour se rattraper. Elle a une certaine surcharge de travail dans ses semaines, et a du mal à estimer le temps nécessaire pour réaliser ses tâches, ce qui provoque les retards dans ses échéances.

Cette situation, en plus d’être souvent stressante, fait douter Julie de ses compétences. Elle finit par avoir une mauvaise estime d’elle-même, déçue de ne pas rendre un travail de qualité dans les temps, même si elle a de très bonnes appréciations de sa hiérarchie.

Elle se dit qu’après tout, elle devrait pouvoir tout gérer, ce n’est pas si compliqué non ? Il faudrait juste qu’elle trouve une meilleure méthode d’organisation pour être plus efficace.

Elle est très motivée pour apprendre à mieux s’organiser, alors elle commence à planifier ses journées en avance, fixe des jalons pour ses projets, écrit des todo listes pour ses journées et semaines, et c’est parti, dès la semaine prochaine elle teste sa nouvelle organisation.

Lundi : elle reçoit un mail de son manager, la conférence à laquelle elle s’est inscrite commence cette semaine, du mardi matin au mercredi soir. Elle se rappelle alors le mail reçu deux mois auparavant demandant des volontaires pour assister à cette conférence de deux jours, elle avait répondu que si personne n’était disponible elle voudrait bien y assister. Depuis, pas de réponse, elle avait complètement oublié l’évènement. Résultat : le planning est chamboulé, tout est à revoir.

Vendredi : la semaine est passée vite, entre les réunions, la conférence, et les demandes urgentes, presque aucune des tâches de fond qu’elle s’était fixées n’a pu être réalisée.

Bon, c’est pas grave, la semaine prochaine elle retente le coup.

Lundi : c’est parti, cette fois-ci elle se concentre sur sa todo liste. À 11h: un dossier urgent à traiter pour mardi, c’est une demande importante qui vient de la direction. Elle se retrouve à tout coordonner avec ses collègues pour répondre à cette demande, toute la journée y passe.

Mardi : matinée en réunion, l’après-midi elle passe du temps à aider une collègue qui vient d’arriver dans le service.

Mercredi : le petit est malade, il n’a presque pas dormi de la nuit, elle est épuisée, et doit le garder à la maison. Elle gère au mieux : assiste aux réunions, répond aux mails, reste disponible en cas de besoin.

Et ainsi de suite. Je pourrai continuer à raconter d’autres histoires avec des urgences qui tombent, des engagements pris puis oubliés, des demandes d’aide des collègues, et tous ces imprévus qui arrivent régulièrement.

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Alors, comment s’en sortir ?

Une solution : diminuer sa charge de travail, et prendre le risque de décevoir.

Cela consiste à adapter son travail à sa situation et non l’inverse. Les imprévus, qu’ils soient pro ou perso, arrivent dans son cas très souvent. C’est un fait. Si la charge de travail est conçue pour des journées sans imprévu, le rythme est intenable. L’imprévu et les interruptions sont à prendre en compte.

Il s’agit de prendre conscience de sa capacité de travail et de concentration, pour poser des limites. Ne pas chercher à être une surhumaine, et accepter de ne pas pouvoir tout faire. Arrêter de s’engager sur tous les fronts. Une nouvelle recrue arrive dans la boite ? Résister à l’envie de l’inviter à déjeuner et de passer du temps à s’assurer qu’elle se sent bien. Ce n’est pas son rôle, et cela finit par devenir une charge. On peut être accueillante et bienveillante, sans pour autant s’investir plus que nécessaire. La conférence optionnelle ? Si on a déjà plusieurs projets en cours, c’est non. C’est peut-être une occasion d’apprentissage manquée, mais c’est plus important d’aller au bout des engagements pris.

C’est peut-être une solution décevante à envisager, mais qui est tellement libératrice. Moins d’attentes, moins de pression, plus de temps pour se consacrer à l’essentiel. Respecter et valoriser son propre temps et son rythme.

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Comment résonne cette histoire pour vous ? Quels conseils donneriez-vous à Julie ?

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Pour aller plus loin

Citation : "Etre une femme puissante, c'est avoir le courage de déplaire", extrait de l’interview de Laila Slimani à écouter sur l’émission de France Inter.

Article : Être plus productive, mais pour quoi faire ?