Savez-vous ce que vous voulez vraiment ? Avez-vous une vision ou une mission de vie ? Est-ce une question que vous vous posez souvent ?
J’ai l’impression que cette question, tellement essentielle, n’a pas une réponse évidente. Elle peut se clarifier au fil du temps, mais nécessite de s’installer dans le doute et l’incertitude, ce qui peut être très inconfortable. Il se peut alors qu’elle est éludée en faisant des choix de vie qui paraissent sûrs et sécurisant, et en se disant “je pourrais toujours y réfléchir plus tard, et faire ce que je veux”.
Lorsque j’étais petite, je me souviens d’avoir eu très hâte de grandir pour pouvoir enfin faire mes propres choix. “Plus tard, tu feras ce que tu veux” est une phrase assez courante, je crois, que les parents disent à leurs enfants. En attendant, je me devais d’être patiente, suivre les règles de la maison, faire mes devoirs, avoir de bonnes notes, avant de suivre ma voie et faire ce que je veux.
Que se passe-t-il plus tard ? Au fur et à mesure que le temps passe, les études deviennent de plus en plus ardues et demandent beaucoup d’investissement. À certains moments, il a fallu faire des choix d’orientation, choisir une filière, des matières à étudier. Il est peu probable qu’à ces moments, j’ai eu vraiment le temps de réfléchir à ce que je voulais vraiment. Les bonnes notes vont également conditionner ces choix. Après les études, arrive la recherche d’emploi, et il se peut que là encore que je fasse des choix sans réelle conviction. Le travail va prendre lui aussi beaucoup de temps et d’énergie. Et ainsi de suite pour la famille.
À quel moment est-ce que je me pose pour réfléchir à ce que je veux vraiment ? Si je ne veux pas me laisser dépasser par les autres, et me retrouver en retard, j’en arrive à faire des choix dans un temps limité sans y avoir suffisamment réfléchi. Je choisis, sans vraiment savoir ce que je veux. Si c’est le cas, alors cette question peut par la suite devenir une source d’angoisse : et si j’avais fait le mauvais choix ? Et si ce que je veux vraiment ne correspond pas à ma vie actuelle ?
Remettre à plus tard cette réflexion peut aussi se justifier par des étapes intermédiaires à franchir : il faut d’abord réussir ses études, ensuite trouver un travail et gagner de l’argent, ensuite s’installer dans une maison, fonder une famille, puis économiser pour sa retraite. C’est comme s’il fallait d’abord préparer son cadre de vie avant de vraiment vivre.
Connaissez-vous vos valeurs ? Posée ainsi, cette question peut être difficile à répondre. Une autre manière d’y réfléchir est de vous demander quelles sont les choses que vous valorisez chez les autres. Pensez par exemple à des personnes que vous admirez, quelles sont leurs caractéristiques ? Qu’admirez-vous précisément chez ces personnes ?
Par exemple, une de mes valeurs est l’authenticité. J’admire les personnes qui se montrent telles qu’elles sont, qui ont une personnalité indépendante et forte, et qui font des choix alignés avec leurs aspirations.
Ces valeurs, une fois identifiées, peuvent aider à répondre à cette question “qu’est-ce que je veux vraiment”. Dans le choix d’un travail notamment, il est important de prendre en compte ces valeurs et s’assurer qu’elles seront suffisamment nourries.
Si je valorise l’excellence technique, et que mon travail consiste principalement à gérer et coordonner des projets, sans que ma contribution technique soit primordiale, je risque de dévaloriser mon travail et, par là même, me dévaloriser. De la même manière, les promotions peuvent créer cette situation : lorsque je deviens manager après avoir excellé dans la technique, il se peut que je me perde dans ce nouveau rôle, et que je cherche à compenser en continuant à contribuer dans l’équipe. Je pense par exemple aux développeurs de logiciels, qui en devenant managers d’équipe regrettent de ne plus avoir assez de temps pour coder.
Le manque d’impact et d’utilité, tel que je les conçois par mes valeurs, contribue à une perte de sens et de motivation.
Cela peut amener à vouloir se réorienter et changer de métier. La réorientation peut effectivement être une solution pour s’épanouir dans un travail qui est plus en phase avec ses valeurs. Je pense qu’en dehors du métier en lui-même, le contexte dans lequel il est exercé contribue grandement à cet épanouissement. Prenons par exemple des personnes qui souhaitent exercer un travail utile aux autres. Si un travail est effectivement utile à d’autres (à des collègues ou des clients), mais que l’organisation dans laquelle je travaille a une vision contraire à mes valeurs, il est probable que j’y perde du sens et de l’intérêt.
Les entreprises et organisations communiquent parfois sur leurs visions, ce à quoi elles souhaitent contribuer. Cela participe à créer du sens chez les employés, de connaître la finalité de leur travail, savoir qu’il s’inscrit dans un vaste but, autre que celui de générer du revenu.
Lorsque j’étais moi-même salariée, je ressentais ce besoin de comprendre pourquoi je faisais des choses, pour qui, et à quelle fin. Pourquoi ce projet et pas un autre ? Quels sont les problèmes que l’on souhaite résoudre ? Quels sont les objectifs de mon entreprise, autres que purement financiers ? Je voulais en fait connaître la vision de mon entreprise.
J’ai appris récemment, en allant au Ouishare Fest, que les organisations n’ont pas de vision, et que seuls les individus en ont une. L’organisation est une construction sociale, dans laquelle des personnes tentent de réaliser leurs propres visions.
La question de la vision personnelle se trouve ainsi à la base de l’entrepreneuriat. Il est certes possible d’entreprendre sans clarifier sa vision, mais cela peut rapidement amener à une quête de revenu et de réussite financière, sans réel sens pour les entrepreneurs. L’argent devient un but en soi, et non plus un moyen pour réaliser sa vision.
Une vision claire permet d’ouvrir des possibilités. Il peut y a voir mille façons de réaliser sa vision.
En créant Alento, je souhaitais avant tout explorer ce que je voulais vraiment faire. C’est pour moi un terrain d’expérimentation, au service de ma vision et de celle de mon partenaire.
Il y a quelques semaines, nous avons effectué une retraite, juste tous les deux. Nous sommes partis cinq jours, dans un autre environnement, et nous avons consacré cette semaine à clarifier nos visions.
Nous aurions pu utiliser ce temps pour nous concentrer sur un business plan, créer de nouvelles offres, les mettre en ligne, les partager sur les réseaux sociaux, prospecter des clients, chercher des financements.
Qu’est-ce qui compte au final ? Réaliser sa vision ? Ou gagner de l’argent ? Je pourrais me dire qu’il faut d’abord gagner de l’argent, avant de réaliser sa vision. Mais cela revient à la même logique du “plus tard, je ferai ce que je veux”.
Et si c’était maintenant ?
Le livre “30 Lies About Money”, écrit par Peter Koenig. Il était présent au Ouishare Fest, et j’ai eu le plaisir d’échanger avec lui.
Le livre “Work With Source”, écrit par Tom Nixon, basé sur les principes de “Source” de Peter Koenig.
Nous reprenons enfin les bulles d’air, après une pause durant l’été. La prochaine aura lieu mercredi 15 septembre de 11h30 à 12h30. Le thème de cette édition est justement “La reprise”. Les vacances d'été ont laissé place à la rentrée. Comment envisagez-vous cette reprise ? Que sentez-vous dans votre corps en ce début de nouveau cycle ? Avec quel rythme reprenez-vous vos activités ? Inscrivez-vous pour y participer !
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À travers le projet Jazz, je souhaite aider les personnes à prendre du recul sur leur quotidien, réfléchir à leur rapport au temps, et retrouver une certaine liberté de choix et d’organisation. Si cela vous parle, vous pouvez m’écrire directement en répondant à cette newsletter, ou en allant sur notre site web alento.fr.