Les Jazzette #19 - Ce n'est pas compliqué

Le début d’une nouvelle année est une période particulière. L’ambiance est propice aux bonnes résolutions, aux objectifs, à l’envie de démarrer de nouvelles habitudes.

Une nouvelle année c’est le début d’un calendrier tout neuf, des cases vides, 365 jours à venir pleins de promesses. Cela peut donner une impression de démarrer à zéro, l’occasion de mettre en place des changements importants.

Depuis quelques jours, je vois passer des publications mettant en avant un bilan de l’année passée (souvent chiffrés), certaines présentent des objectifs personnels et/ou professionnels à atteindre (souvent chiffrés aussi). Je vois aussi des personnes qui se détournent des traditionnelles résolutions pour soit, définir une simple intention, soit pour ralentir et prendre du temps pour soi, loin de toute pression.

Car il peut y avoir une certaine pression, particulière à la nouvelle année. Il s’agit de “démarrer du bon pied”, de se motiver avec des objectifs permettant d’avoir une ligne de conduite à suivre, de ne pas se disperser, afin de “réussir son année”, et surtout ne pas perdre son temps. Et puis, tous ces beaux objectifs atteints pourront être mis en avant au bilan de fin d’année.

Je suis un peu réfractaire à ces pratiques de résolutions. Il me semble que cela contribue à maintenir une estime de soi assez basse. J’y vois une logique d’amélioration continue, selon l’idée que la personne que je suis est toujours perfectible, que la vie que je mène n’est pas satisfaisante, que je pourrais encore réussir.

En fait, les résolutions et objectifs ne sont pas une mauvaise pratique en soi, la question est : pourquoi est-ce que je me donne ces résolutions ? Quelle est mon intention ? Est-ce que j’ai besoin de me rassurer sur l’image que je projette ? Est-ce que je veux mériter mon année ? Ou recevoir des encouragements ?

Je crois qu’il y a aussi une envie de maitriser son temps. Définir des objectifs, c’est prendre en main son année, être en position de contrôle. Ne pas juste se laisser guider par les évènements, en être un moteur. Le piège de cette logique de contrôle, c’est de se concentrer sur un plan, finalement une idée de ce qui devrait arriver, plutôt que sur la réalité. Lorsqu’un évènement “imprévu” arrive, le plan n’est pas respecté. Et là, deux réactions sont possibles : soit le plan était faux, soit la réalité n’est pas conforme au plan. Si vous avez des objectifs et des plans pour les réaliser, je vous invite à garder à l’esprit que cela reste des idées, et que ce qui arrive sera toujours la seule réalité à considérer.

Ce n’est pas compliqué

J’ai choisi ce titre pour cette publication : “ce n’est pas compliqué”. Lorsque les évènements qui arrivent sont imprévus, remettent en question son organisation ou ses objectifs, se mettent en travers du chemin que l’on voulait suivre, plus l’organisation est rigide et importante, plus la situation devient compliquée.

J’avais déjà en tête ce principe de ne pas compliquer les choses plus qu’elles ne le sont, mais je trouvais cela assez difficile à suivre sur le moment. Car sur le moment, ma première réaction reflète mon attachement à mon plan.

Et je crois que depuis que je ne cherche plus à suivre un plan, je saisis mieux le “ce n’est pas compliqué”. J’avais prévu d’assister à une conférence dans deux semaines, j’avais organisé mon trajet, un logement avant l’évènement, je me réjouissais à l’idée d’y assister, et puis j’ai appris hier qu’il était annulé. Il y a un an, cela m’aurait mis dans tous mes états, colère, tristesse, panique à l’idée de tout réorganiser. Aujourd’hui, je ne ressens rien de tout cela. J’apprécie le lieu où je me trouve en ce moment, j’ai demandé un remboursement, j’ai modifié mon organisation de la fin du mois, j’ai changé d’itinéraire, “ce n’est pas compliqué”.

Ces derniers jours, je voulais écrire un article spécial sur le début d’année, j’en ai commencé un, puis je n’arrivais pas à clarifier mes idées, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’y consacrer pleinement, et puis j’ai repensé à ce principe, “ce n’est pas compliqué”. Voilà une bonne idée d’article, j’ai à présent un espace et un temps adapté pour l’écrire, je l’écris.

C’est une invitation à la détente, à se détacher des idées préconçues sur la réalité, et à simplement s’abandonner à ce qui arrive. Ce n’est pas une invitation à la désorganisation, ni à arrêter de faire des plans. Mais plutôt à considérer la réalité d’abord, et adapter ses plans en fonction de ce qui arrive. La réalité est la seule chose qui existe, et elle est pleine de surprises.

Meilleurs voeux pour cette nouvelle année !

Photo prise à Strasbourg

Ressources

Le livre Petit traité de l’abandon, écrit par Alexandre Jollien. En particulier le chapitre “Ce n’est pas compliqué”.

Le livre Falling in Love with Where You Are, écrit par Jeff Foster. J’aimerai vous en partager un extrait s’intitulant “My Way” :

« Life does not always go ‘my way’.

But ‘I’ never get in the way

Of life not going ‘my way’.

So life always goes my way.

I am the way of life.

Whichever way life goes, I go.

There is no way

That I can be separate from life’s way.

Life is the way.

So there is no ‘way’.

Life does not always go ‘my way’.

But ‘I’ never get in the way.

So life always goes my way.

Even when it doesn’t. »